Cette association a été crée en 2007. Elle a pour vocation de favoriser le développement de la pratique des activités physiques et sportives adaptées au temps de la retraite, sans idée de compétition.
Michel Feltin-Palas, pouvez-vous nous expliquer à quoi ça sert de préserver encore les langues régionales ?
En tant que patriote français, je défends l’ensemble des langues et pas seulement celle de Paris. Ma philosophie : le français comme langue commune, oui, comme langue unique, non ! Ce serait une catastrophe si les langues régionales disparaissaient, nous vivrions la standardisation culturelle. C’est comme si en Europe on disait qu’il y a plein de langues et qu'on ne gardait que l’anglais. Qu’on ne parlerait plus français, plus italien, partout anglais… Ce serait d’une tristesse épouvantable !
J’ajoute que ces langues ont une utilité concrète car on sait scientifiquement qu’un enfant qui parle deux ou plusieurs langues précocement est habitué à une complexité linguistique qui favorise les apprentissages. Donc j’encourage toutes les personnes qui parlent occitan à le parler avec leurs enfants. Une étude du Ministère de l’Éducation Nationale a récemment montré que les élèves qui étudient dans des écoles en immersion linguistique [comme les écoles Calandreta] ont de meilleurs résultats en français que la moyenne nationale.
Ne pensez-vous pas que ce soit trop tard ?
Pas du tout ! Une enquête récente a chiffré le nombre de locuteurs réguliers de l’ensemble des langues régionales en France à 10 millions de personnes, 18% de la population ! C’est peut-être un peu surestimé, mais considérons qu’il y en ait la moitié, 5 millions. C’est le nombre de musulmans en France et l'audience d’un match moyen de l’équipe de France. Donc dire que personne ne s'intéresse aux langues régionales en France, c’est comme dire qu’il n’y a pas de musulmans ou que personne ne regarde le football à la télévision ! C’est donc moins qu’avant mais c’est suffisant pour sauver ces langues. Au-delà des locuteurs , il y a toutes les personnes qui ont connu des locuteurs. Toutes ces personnes sont un appui favorable dans l’opinion.
J’ajoute que nous avons des enseignants, des artistes, des élus et même des parlementaires de notre côté. La loi Molac est passée récemment. C’est la première loi sous la Ve République qui est en faveur des langues régionales. Ça montre le peu d’attachement des gouvernements à cette question. Mais ce député a déposé cette proposition de loi. Le gouvernement a demandé aux députés majoritaires de voter contre. Pourtant elle a été adoptée au Sénat et à l’Assemblée Nationale par une majorité d’élus. Ça montre que l’opinion est très favorable à ce qu’on prenne des mesures positives. Car les langues ont besoin d’un statut qui leur permette d’être enseignée dans des écoles, des entreprises, des administrations, etc. Elles ont besoin de décisions politiques qui permettent de les sauver.
Que dites-vous aux personnes qui défendent la langue occitane ?
Je veux leur dire que c’est possible de la sauver, parce que parfois on est un peu pessimiste quand on est dans son coin. Qu’il ne faut pas se diviser car nous sommes tous dans le même camp et que nos adversaires sont à Paris au Conseil Constitutionnel ou au Ministère de l’Education Nationale. On peut débattre et ne pas être d’accord, mais nous devons agir ensemble. Enfin que ce qu’il nous manque c’est l’efficacité dans l’action. Il y a des groupes beaucoup moins nombreux que nous et pourtant beaucoup plus efficaces. Qu’on peut s’en inspirer car notre cause est légitime et que nous pourrions avoir gain de cause.
J’observe que les deux régions qui ont obtenu le plus de moyens sont la Corse et le Pays Basque. Alors moi je ne prône pas la violence, mais ce que j’en déduis, c’est que l’Etat en France est faible avec les forts et fort avec les faibles. Il faut qu’on sache être plus spectaculaires, tout en étant dans la légalité et c’est possible ! Qu’on se fasse entendre de manière plus résolue qu’on ne le fait généralement. J’observe qu’en Corse les panneaux français sont tagués systématiquement pour obtenir des panneaux bilingues, par exemple. La semaine dernière, à la suite du jugement pour interdire l’utilisation du Corse dans le Tribunal Administratif de Bastia, une quarantaine de jeunes a occupé les lieux puis sont sortis calmement. Ils ont fait la Une des journaux… Ce n’est pas ce que je voudrais dans démocratie qui fonctionne bien mais il faut le reconnaître : leur message passe mieux que lorsqu’on manifeste tranquillement.
Le saviez-vous ?
Michel Feltin-Palas est rédacteur en chef du journal l’Express et auteur d’une lettre d’information hebdomadaire intitulée « Sur le bout des langues » où il défend la diversité culturelle. Il vient de publier son dernier livre « Sauvons les langues régionales ! » aux éditions Héliopoles.
Conférence “Comment et pourquoi sauver l’occitan” : en présence d’élus béarnais qui viendront depuis Pau témoigner de leur expérience en termes de prise en compte de l’occitan comme levier de développement de leur territoire. RDV le 7 avril !