La nuit avait été bien arrosée, les nuages épais, le pessimisme régnait dans la tête des plus téméraires. Malgré cela nous étions une vingtaine ragaillardis par l'optimisme sans faille de nos animateurs, persuadés par les prévisions météo qui promettaient une amélioration certaine. Une super ballade en perspective nous partions rassurés mais capuchonnés car une petite pluie s'était invitée au départ de la rando. La première partie jusqu'à l'approche du col de Cabre, bien que « pluvioteuse », nous laissa apprécier les beaux panoramas qui s'offraient à nos yeux bien que floutés par les verres humides de nos lunettes. Juste avant le col de Cabre, le nez dans nos godasses, nous n'avions pas perçu la présence du danger car à moins d'une dizaine de mètres tapit dans une épaisse végétation, éloigné de ses compagnes, un impressionnant taureau nous fixait d'une mine patibulaire. Totalement insouciante notre valeureuse Raymonde agitait joyeusement sa cape au grand dam de l'inquiétude de ceux qui venaient de percevoir les naseaux de la bestiole. A force de gestes désespérés la prévenant de sa mégarde elle détourna enfin son regard en direction du mastodonte " Un Salers", alors une poussée d'adrénaline la propulsa de quelques mètres. Avec soulagement, l'animal surement déconcerté par cette horde d'épouvantails à moineaux en resta comme deux ronds de flan. Après cette peur rétroactive, l’adversité nous attendait maintenant sur les crêtes. En direction du col de Rombière nous avons vécu des conditions atmosphériques détestables. Avec peine , lutant farouchement pour garder l'équilibre, nous avancions difficilement sous les coups de boutoir du vent. Froid, pluie et grésil poussés par de très violentes bourrasques, cinglant jambes et visages eurent vite raison de nos chiches équipements. Il était plus de 13H00, la faim tenaillant les estomacs, la plupart de nous , grelottants, mouillés jusqu'aux os n'avaient pourtant comme seule envie, bien compréhensible, le retour rapide aux véhicules. Le pied du Griou atteint, ce détournant du circuit prévu, un bois nous offrit un petit répit le temps d'engloutir à la sauvette une partie du pique nique. Hélas ! les excellents petits pountis de Marie Louise n'ont eu que peu d'effets au réchauffement des organismes. D'un pas soutenu nous dévalions la pente pour retrouver avec bonheur la chaleur douillette de nos automobiles. Déconfits, de retour sur le parking nous pouvions enfin admirer le Griou et le Griounou découverts, s'offrant ainsi majestueusement à notre dépit.
"Trop dégouté"
Nul doute, tous nous garderons un souvenir inoubliable de cette rando transformée en un véritable périple.
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